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La dynastie Qing (2ème partie) : L’essor et l’apogée de la dynastie des Qing


Les premières années du règne de Shunzhi furent marquées par la régence de son oncle, le prince Dorgon. Ce dernier prit soin de conserver la bureaucratie Ming, ce qui assura la stabilité du système politique Qing. Suivant l'exemple de Huang Taiji, il exerça un pouvoir fortement centralisé. En juillet 1645, Dorgon émit un édit impérial imposant sous peine de mort aux chinois Hans l'adoption de la coiffure mandchoue, en se rasant le devant du crâne et en nouant les cheveux restants à l'arrière, sous forme de natte. Cette exigence, conçue comme un témoignage de loyauté, fut vécue par une partie de la population chinoise comme une humiliation et provoqua de violentes révoltes, qui furent réprimées dans le sang. Les femmes furent par contre autorisées à conserver les costumes et coiffures hans. Les fonctionnaires étaient tenus d'adopter le costume mandchou, les serviteurs pouvant conserver l'habit han. Progressivement s'opéra une fusion des coutumes mandchoues et hans sur tous les plans culturels, vestimentaires ou culinaires. L'Empire Qing adopta une politique autocratique sur le plan culturel, censurant de manière rigoureuse les œuvres littéraires et punissant tout auteur soupçonné de critiques politiques, même voilées. Une importante action fut cependant menée pour préserver le patrimoine littéraire chinois, établissant une vaste collection de livres anciens; la censure politique n'était cependant pas absente de ce travail patrimonial, certaines œuvres anciennes étant détruites si leur contenu déplaisait au pouvoir politique.

Les Qing durent encore mener des combats féroces pour pacifier la Chine, des chefs militaires, comme Koxinga, étant toujours loyaux aux Ming. Zhu Youlang, dernier prétendant au trône Ming, fut capturé et exécuté en 1662. La Chine ne fut réellement pacifiée qu'en1683.

Le 31 décembre 1650, Dorgon mourut dans un accident de chasse, la régence passant aux mains de la mère de Shunzhi, l'impératrice douairière xiao zhuang. En 1661, quelques années après avoir commencé son règne personnel Shunzhi mourut, probablement de la variole, à l'âge de 24 ans. Son troisième fils Xuanye, âgé de sept ans, lui succèda sous le nom de règne de Kangxi. Afin d'éviter une répétition de la régence de Dorgon, Shunzi désigna sur son lit de mort un conseil de régents, composé de quatre hauts fonctionnaires. Le pouvoir fut néanmoins accaparé au fil du temps par l'un des régents, le chef militaire Oboi. En 1669, l'Empereur, alors âgé de 15 ans, réalisa un coup de force pour prendre personnellement le pouvoir, emprisonnant le régent Oboi.

Le règne de l'Empereur Kangxi (en photo) dura 61 ans et amena une progressive stabilisation du pays. La Chine devait encore, au début de son règne, affronter de nombreux conflits internes et externes : plusieurs affrontements militaires opposèrent la Russie et la Chine entre les années 1650 et 1680. Vers 1674, l'Empereur dut affronter la révolte des trois feudataires, menée par les généraux Wu Sangui, Geng Jinzhong et Shang Kexi. Wu Sangui tenta en 1678 de prendre le pouvoir en se proclamant Empereur mais mourut peu après, et la révolte fut matée en 1681. En1683, l’île de Taïwan, prise vingt ans plus tôt par Koxinga, fut reprise par les Qing, mettant une fin aux révoltes naguère lancées par les loyalistes Ming. En 1689, le traité de Nertchinsk fut conclu avec la Russie, mettant un terme aux conflits entre les deux pays, établissant entre eux des relations commerciales et écartant la menace russe sur la Mandchourie. L'Empereur dut également gérer les relations avec les différentes tribus mongoles : en 1696, il prit personnellement la tête d'une campagne militaire contre les Dzoungars. La rébellion des Dzoungars continua dans les années suivantes; ils s'emparèrent de Lhassa en 1717, la ville n'étant reprise qu'en 1720. La Chine poursuivit son expansion, imposant au fil des décennies son protectorat au Tibet, à la Mongolie et à la Kachgarie.

Les règnes de Yongzheng (de 1723 à 1735) et Qianlong sont considérés comme le zénith de la puissance de l'Empire Qing, qui s'étendait alors sur 13 000 000 kilomètres carrés. Administrateur autoritaire, Yongzheng réforma l'examen impérial et réprima la corruption financière et le trafic de pièces chez les fonctionnaires. En 1733, l'Empereur créa le Grand Conseil, qui fit office d'organe de décision à la cour impériale. À la mort de Yongzheng, son fils le Hongli lui succéda sous le nom de règne de Qianlong. Général compétent, il mata des révoltes dans le Xinjiang, le Sichuan et en Mongolie.

Le règne de Qianlong fut cependant marqué par un développement de la corruption chez les fonctionnaires impériaux. Déclenchée en 1796, la révolte des mouvements désignés sous le nom collectif de secte du lotus blanc, combina des revendications contre les impôts et un sentiment anti-mandchou; le mouvement mit huit ans à être maté, au cours d'un conflit qui se solda par environ 16 millions de morts.

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