Les trois grandes religions de la Chine ancienne sont le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme. Elles ont encore leur clergé et leurs temples propres. Le peuple ne les pratiquait ni toutes les trois ensemble ni chacune séparément. Faute de coordination à l'échelle impériale, il s'était formé, peu à peu, une religion populaire qui avait fait des emprunts aux trois grandes églises organisées et reconnues mais qui doit être cependant considérée comme un système à part, avec des variations régionales. Rien n'est plus faux que ce préjugé très répandu, d'après lequel tout Chinois était bouddhiste.
Sur la religion populaire se greffaient :
- des cultes corporatifs, centrés autour de personnages choisis comme patrons par les mandarins, les artisans, les commerçants, les marins, les paysans, les soldats, les médecins etc.
- des associations plus ou moins secrètes à tendances sociales, politiques ou chamaniques. Elles recherchent des états de transe, de possession et d'émotivité, quelquefois associés à une promiscuité sociale, religieuse et sexuelle. Ces pratiques constituent ce que les décrets impériaux appelaient les cultes vicieux.
- le culte officiel rendu par la famille impériale aux patrons de la dynastie, Kouan-ti et Kouan-yi.
La religion officielle avait comme ministres l'Empereur, l'Impératrice et leurs représentants dans tout l'Empire, les lettrés fonctionnaires. Plutôt que les prêtres, c'était les maîtres de cérémonies destinés à honorer Confucius et ses disciples ainsi que les personnages historiques, divinisés pour services éclatants rendus au pays ou à la dynastie. En vertu de l'identité entre le monde céleste et le monde impérial, ils pouvaient également rétrograder ou donner de l'avancement à certains génies ou dieux-fonctionnaires.
En dehors de ce rôle positif, les mandarins avaient comme rôle de limiter l'expansion du bouddhisme et du taoïsme par une hostilité basée sur des considérations exclusivement politiques et sociales (évasion de l'impôt, improductivité et infécondité du clergé ; accumulation stérile des biens mobiliers et immobiliers).
Il n'était officiellement fait appel aux prêtres que comme spécialistes de certains rites indispensables (prières pour les défunts, guérison des maladies ou obtention de la pluie) sans marquer une préférence pour telle ou telle religion. Plus encore que les bonzes et les Tao-che, les animateurs des "cultes vicieux" cherchant à entrer en communication avec le surnaturel étaient poursuivis par l'hostilité officielle. A l'attitude "dionysienne" et à l'émotivité excessive des cultes "débordants", les lettrés-fonctionnaires ont toujours opposé leurs tendances "appoliniennes" centrées sur la recherche du Juste Milieu et d'un équilibre mental.
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