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L'Armée Impériale


L'Autorité de l'Etat impérial reposait sur sa puissance militaire. Toutes les dynasties ont redouté le danger présenté par la force militaire à l'intérieur comme à l'extérieur. Les dynasties ne se révélèrent puissantes et durables que dans la mesure où elles parviennent à contrôler leurs propres armées. Mais il n'est pas facile de déterminer quel système militaire servait le mieux leurs desseins. Les paysans enrôlés dans les milices, qui posaient le moins de danger à l'intérieur, risquaient d'être inefficaces sur les champs de batailles eux frontières. Quant à l'armée de métier, plus efficace en cas de guerre, elle pouvait aussi se montrer plus délicate à contrôler sur le plan intérieur.

Sous les Han, tous les citoyens de sexe masculin étaient enrôlés pour faire leur service militaire quand ils atteignaient l'âge de 20 ans ; ils restaient mobilisables de 23 à 56 ans. Tout citoyen de sexe masculin était théoriquement tenu de participer un mois par an à un entrainement militaire après la récolte d'automne ; une fois dans sa vie, il devait servir un an dans les milices de la capitale. Concrètement ce système était inapplicable et l'habitude fut rapidement prise de monétariser la transaction : tous les hommes susceptibles d'être enrôlés payaient une taxe servant à rémunérer les volontaires qui s'engageaient pour une durée de un an ou davantage, ainsi que les conscrits trop pauvres pour payer.

Au milieu du VIe siècle, la dynastie des Wei occidentaux institua un nouveau système de milice. Toute famille ayant plus de deux fils devait en détacher un de façon définitive dans une garnison ; il y avait une centaine de garnisons reparties dans tout les pays. Les miliciens (mais non leur famille) étaient exemptés d'impôts et de corvées diverses. L'Etat pourvoyait à l'essentiel de leurs besoins, mais, dans l'intervalle de leurs activités militaires, les garnisons étaient censées être autarciques, cultivant les terres mises à leur disposition par l'Etat.

Sous les Han, tous les citoyens pouvaient être enrôlés dans le cadre d'un service militaire de courte durée. Dans le système de la milice Tang en revanche, une unité militaire composée de soldats de carrière s'adonnait à des travaux agricoles pour subvenir à ses propres besoins. Le service de la milice jouissait d'une haute estime, notamment dans les premières décennies de la dynastie Tang. Les familles aisées rivalisaient pour y placer leurs fils et ceux-ci y restaient jusqu'à 60 ans.

Outre les gardes impériaux issus du système des milices, il existait dans la capitale une armée permanente, dite armée du Nord ou armée du palais, qui servait de garde prétorienne à l'empereur. C'est cette armée qui jouissait du prestige militaire le plus élevé et, jusqu'au VIIIe siècle, elle demeura un corps d'élite qui constituait le fer de lance des forces Tang sur le champ de bataille. Comparativement, les miliciens affectés au corps de garde de la capitale étaient moins bien traités, et ils furent progressivement transformés en domestiques au service des dignitaires de la cour. Les citoyens en vinrent à éviter le service de la milice et, en 749, la force et le prestige de cette institution avaient tant décliné qu'on cessa de nommer des miliciens dans la capitale.

Les débuts de l'ère impériale ne connurent pas d'innovations spectaculaires dans les arts de la guerre, si ce n'est l'étrier, venu des steppes, qui améliora grandement l'efficacité au combat des archers montés. Pendant toute la dynastie Tang, l'arbalète demeura l'armée suprême de l'armée chinoise, même si la poudre à canon venait d'être inventée et commençait à être utilisée dans les feux d'artifice.