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Une dynastie chinoise, la dynastie Han

La dynastie Han régna sur la Chine de 206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C. Fondée par Liu Bang, chef de guerre d'origine paysanne révolté contre la dynastie Qin, qui devint l’empereur Gaozu ; elle compta vingt-huit empereurs. Première dynastie impériale par sa durée, elle se divise en Han occidentaux et Han orientaux, séparés par la courte dynastie Xin fondée par Wang Mang.

Le nom Han, par lequel on en viendra à désigner la principale ethnie chinoise encore de nos jours, est à l’origine celui du fief donné à Liu Bang par Xiang Yu après la chute des Qin.

Gaozu conserva la structure centralisée de l’empire Qin divisé en commanderies (ou districts) jun et comtés xian dépendant directement du pouvoir central, mais aussi les dix-neuf principautés (ou royaumes) créés par Xiang Yu. Une partie des titres princiers fut distribuée à des compagnons d’armes, qui furent progressivement remplacés pour cause de rébellion réelle ou supposée par des membres du clan Liu. Cette mesure de consolidation du pouvoir ne porta pas ses fruits longtemps. Gaozu mort, les princes du sang manifestèrent peu de considération pour l’empereur qu’ils leur jugeaient redevable. Dès l'époque de Wendi, troisième empereur, il y eut plusieurs manifestations d’indépendance de grands féodaux, particulièrement en -177. Jingdi dut affronter en -154 la révolte des sept princes (Wu, Chu, Zhao, et quatre principautés du Shandong) dont l’instigateur était Wang Pi de Wu. Elle fut réduite au bout de trois mois. Les principautés revinrent ainsi progressivement sous contrôle impérial.

Wudi (en photo), successeur de Jingdi, fut par sa longévité et son tempérament autoritaire - voire légèrement paranoïaque sur la fin de ses jours - l’empereur le plus puissant de la dynastie. Pour tenter de consolider les finances lourdement grevées par ses guerres extérieures, il réinstaura le monopole d’État sur le sel et le fer. Il restructura l’administration, délaissant le Huanglao de ses trois prédécesseurs et donnant la primauté absolue au confucianisme.

Après Wudi, les princes ne constitueront plus une menace importante pour le pouvoir impérial. Néanmoins, les besoins financiers nés des nombreuses expéditions militaires et de l’inadéquation du système fiscal conduiront à la vente de terres d’État, et donc à la formation d’une aristocratie terrienne échappant aisément à l’impôt. Elle saura, tout comme les eunuques et les familles des impératrices et concubines, défendre ses intérêts en freinant les tentatives de réforme.

L’une de ces tentatives eut lieu sous le gouvernement de Wang Mang, issu lui-même d’une puissante famille de courtisans. Il s’empara du pouvoir en 9 et fonda l’éphémère dynastie Xin (renouveau), avec l’ambition de mettre en pratique un régime réellement confucéen tel qu’il est décrit sur les classiques d’avant l’empire. Il tenta ainsi d’imposer un système où l’État, propriétaire de toute la terre, la distribue aux familles de paysans payant l’impôt, la superficie attribuée étant calculée selon le nombre et le sexe des membres de la famille. La majorité des activités professionnelles et le prix des denrées essentielles devaient être aussi placés sous contrôle de l’État. Cependant, sans aucune connaissance pratique ni du terrain ni des réalités économiques, impuissant à forcer effectivement les grands propriétaires à restituer leurs terres et libérer leurs serfs, il n’engendra que mécontentement et fut tué en 22 dans une révolte d’origine populaire constituée de deux armées, les « Sourcils rouges » et les « Montagnes vertes ».

Les révoltés étaient encouragés par le fait qu’ils avaient avec eux un descendant de Jingdi, Liu Yan , désireux de reprendre le trône comme le promettaient les écrits prophétiques chenwei en cours à l’époque. Néanmoins, les rebelles préférèrent finalement soutenir Liu Xuan, cousin de Liu Yan considéré comme aisément manipulable. Ce fut lui qui tua Wang Mang et se proclama empereur Genshi. Son incapacité poussa toutefois rapidement les Sourcils rouges à s’en débarrasser. Il est renversé puis tué. Liu Xiu, frère de Liu Yan mort entre-temps, le remplace et se proclame empereur Guangwu, premier des Han orientaux ; il transfère la capitale à Luoyang.

Après une dizaine d’années de luttes, Guangwu réussit à imposer son pouvoir contre les grands féodaux et d’autres descendants réels ou prétendus d’empereurs des Han Occidentaux. Il mit en place des réformes destinées à corriger les vices qui avaient causé la perte de ses prédécesseurs, sans toutefois réussir à éliminer le plus grave d’entre eux, le système fiscal faisant reposer l’essentiel du poids de l’impôt sur les paysans libres. Aucun de ses successeurs ne put réellement empêcher les grands propriétaires et les courtisans d’étendre leur pouvoir au détriment du bon fonctionnement de l’État.

Malgré un certain optimisme pendant le règne des trois premiers empereurs, la situation des finances continua de se détériorer, d’autant que les luttes aux frontières ne cessèrent jamais. Le système des examens, des promotions et démissions de la fonction publique fut corrompu par le népotisme, donnant naissance à un conflit exacerbé entre les eunuques et les fonctionnaires confucéens, ainsi qu’au qingyi, débat philosophique sur les qualités requises d’un bon ministre et d’un sage gouvernant.

Comme la courte dynastie Xin, les Han Orientaux disparurent dans un climat de révolte. En 184, sous l’empereur Lingdi, la secte taoïste Taiping fondée par Zhang Jiao, proclamant la fin proche de la dynastie qui devait laisser place au règne de la Grande paix (taiping), donna naissance à un soulèvement organisé, celui des Turbans Jaunes. Leurs attaques militaires, débutées en 185, devinrent une menace très sérieuse entre 189 et 192, qui ne fut éradiquée qu’en 205, laissant les généraux qui l’avaient combattue encore plus conscients de leur puissance. Les principautés périphériques avaient de fait repris leur indépendance. Cao Pi, fils de Cao Cao, ancien secrétaire impérial et prince de Wei, força Xiandi à abdiquer en 220, mettant officiellement fin à la dynastie.

Il se proclama empereur cette même année, mais ses prétentions furent immédiatement contestées par Liu Bei, membre éloigné de la famille impériale et roi de Shu, qui se déclara successeur de Xiandi. Sun Quan, roi de Wu, les imita en 222. De ces Trois royaumes, Wei sortira vainqueur, mais ne réunira pas l’empire pour autant. Il faudra pour cela attendre la dynastie Sui.

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