La dynastie Qing est la dernière
dynastie impériale à avoir régné sur la Chine de 1664 à 1912. Elle a succédé à
la dernière dynastie Han, la dynastie Ming. En rébellion ouverte contre les Ming
dès 1616, les Mandchous prirent progressivement le pouvoir dans l'ensemble de la
Chine.
La
dynastie fut donc fondée non pas par les Chinois Han, qui constituent la
majorité de la population chinoise, mais par des Mandchous, qui de nos jours ne
représentent plus qu'une minorité ethnique en Chine. Les Mandchous descendent
des Jurchens
un qui vivait dans la région comprenant l'actuelle province russe du kraï de
Primorie et la province chinoise du Helongjiang.
La
Dynastie a été fondée par Aisin Giorio Nurhachi (en photo), un chef d'une tribu mineure
Jurchen dans le Jianzhou, au début du XVIIème siècle. Vassal de la dynastie des
Ming, il fut à partir de 1582 mêlé à un conflit opposant les différentes tribus
mandchoues. Les luttes armées entre tribus devinrent bientôt une guerre
régionale, visant à l'unification des tribus Jurchen du Jianzhou. Dès 1616,
Nurhaci avait suffisamment pris de pouvoir sur la région pour s'auto-proclamer
« Khan du Grand Jin », en référence à la précédente dynastie Jurchen.
En
1618, Nurhaci entra ouvertement en rébellion contre les Ming en émettant les
Sept
Griefs
contre la tyrannie impériale].
Cela lui permit d'unifier sous sa bannières les dernières tribus Jurchen encore
alliées à la dynastie Ming. Remportant une série de victoires militaires contre
les Ming, Nurhaci déplaça sa capitale de Hetu
Ala
à de plus grandes cités récemment conquises dans la province du Liaodong, telles
que Liaoyang en 1621, puis Shenyang, qui fut par la suite renommée Shenjing. Les
Mandchous assurèrent par la force leur autorité sur les Hans, les premières
révoltes étant matées de manière sanglante.
En
déplaçant sa cour du Jianzhou vers le Liaodong, Nurhaci s'assura d'importantes
ressources matérielles et humaines, se rapprochant également des tribus
mongoles. La nation mongole née sous Gengis Khan n'était depuis longtemps plus
qu'un peuple fragmenté : ces tribus désunies présentaient cependant toujours une
sérieuse menace pour les Ming. Nurhaci s'assura l'amitié et la coopération des
Mongols, qui lui apportaient leur savoir-faire militaire : il favorisa les
mariages entre les lignées des aristocraties jurchen et mongole, créant des
liens familiaux entre les élites des deux peuples; la politique de Nurhaci prit
également l'aspect d'un rapprochement culturel, créant pour la langue mandchoue
un nouvel alphabet, inspiré de l'écriture mongole. Une administration civile et
militaire fut également mise en place pour favoriser l'unité des tribus jurchen,
formant l'embryon du système des huit bannières.
En
janvier 1626, Nurhachi connut sa première défaite militaire majeure, ses troupes
étant battues par celles du général Yuan Chonghuan durant le siège de la ville
ming de Liaoning; il mourut quelques mois plus tard, soit de maladie, soit des
suites de blessures subies sur le champ de bataille. Après une brève rivalité
successorale, son huitième fils Huang Taiji prit la tête des Jurchens. Le règne
de Huang Taiji commença dans un contexte militaire difficile, les Jurchens étant
à nouveau battus en 1627 par les troupes de Yuan Chonghuan, l'armée Ming
bénéficiant de nouveaux et puissants canons achetés aux Portugais. La même
année, Huang Taiji envahit la Corée, à laquelle il impose des traités
commerciaux. Pour remédier à cette disparité de moyens, Huang Taiji créa en 1634
son propre corps d'artillerie, à l'aide de soldats Hans et d'artisans chinois
capturés, qui confectionnèrent des canons sur le même modèle que ceux des
Ming.
En
1635, Huang Taiji adopta le nom de "Mandchou" pour désigner l'ensemble du peuple
Jurchen. La même année, les alliés Mongols furent entièrement incorporés, dans
une Bannière distincte mais sous le contrôle direct des Mandchous. En 1636, face
aux velléités d'autonomie des Coréens, les troupes de Huang Taiji envahirent à
nouveau la Corée, réduisant la Dynastie Choson à la vassalité. En 1637, les deux
premières Bannières Han furent créées; en 1642, les huit bannières étaient
formées. Ces réformes militaires contribuèrent aux succès de Huang Taiji, qui
battit les troupes Ming dans une série de batailles entre 1640 et 1642, prenant
le contrôles des territoires de Songshan et de Jingzhou. Cette dernière victoire
permit aux Jurchens d'obtenir la reddition des troupes les plus puissantes de
l'armée des Ming, et le retrait des défenses au nord de la Muraille de
Chine.
Au
fil des années et des progrès de ses troupes, Huang Taiji constitua une
bureaucratie étatique semblable à celle des Ming, suivant les conseils de
fonctionnaires impériaux ralliés à sa cause. Contrairement à son père, le
souverain Jurchen ne considérait pas les Hans comme des ennemis potentiels et
s'employa au contraire à leur faire une place dans son administration et son
armée, s'assurant des loyautés.
La
mort de Huang Taiji, en septembre1643, laissa les Qing dans l'incertitude,
aucune règle claire de succession n'existant à l'époque. Hooge, fils aîné de
Huang Taiji, et son demi-frère Dorgon revendiquant tous deux la succession, la
situation fut résolue par le choix de Fulin, fils cadet de l'Empereur Qing,
alors âge de cinq ans, connu sous le nom de règne de Shunzhi. Dorgon assura la
régence.
Les
Ming étaient particulièrement affaiblis militairement et économiquement, et
furent incapables de profiter de l'incertitude politique momentanée des Qing.
Parallèlement au conflit avec les Qing, les Ming devaient affronter les
soulèvements des forces armées et des paysans en révolte, les armées rebelles
étant menées par Li Zicheng et Zhang Xianzhong. Le 25 avril 1644, les troupes
rebelles de Li Zicheng prirent Pékin : Chongzhen, le dernier empereur Ming, se
suicida. Li Zicheng se proclama empereur du Grand
Shun
et partit ensuite affronter l'armée Ming à Shanhaiguan, passage de la Grande
muraille. Le général Wu Sangui, qui commandait les troupes à Shanhaiguan, se
rallia alors aux Qing. Li Zicheng célébra en toute hâte son couronnement le 29
avril, avant de quitter la capitale le lendemain. Les armées Qing, désormais
alliées à une partie des anciennes troupes Ming, vainquirent les rebelles le 27
mai et prirent Pékin le 6 juin. Le 30 octobre, le jeune Shunzhi fut proclamé
Fils
du ciel,
les Qing revendiquant le mandat céleste. Des funérailles officielles furent
organisées pour l'Empereur Chongzhen, assurant une apparence de légitimité à la
succession. Les combats contre les rebelles se poursuivirent : Li Zicheng fut
tué dans le courant de l'année 1645 et Zhang Xianzhong, au début 1647.
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