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La dynastie Tang

La dynastie Tang est sans doute une des plus brillantes dynasties de la Chine. Elle commence avec Lĭ Yuan, gouverneur du Shanxi, que son fils Lĭ Shìmín pousse à se révolter. L'Empereur des Sui est assassiné, Lĭ Shìmín fait de son père, leader d'un ordre confucéen similaire aux Sui, le lieutenant de l'Empire. Par les armes, ils restaurent un petit-fils de l'Empereur Sui, puis Lĭ Yuan s'intronise Empereur GāoZǔ (566-618-635) : La dynastie Tang est instaurée (618).

Une nouvelle ère de prospérité commença. Le bouddhisme, qui s'était lentement introduit en Chine au premier siècle, devint la religion prédominante et fut largement adopté par la famille royale. On estime que Chang’an (l'actuelle Xi’an), la capitale de l'époque, était alors la plus grande ville du monde.

Sur le plan administratif, une importante novation consista à confier les provinces à des gouverneurs militaires (ce sera, à longue échéance, la perte de la dynastie). Le gouvernement central, copié sur celui des Han, fut perfectionné par la création de sections techniques confiées à des experts plutôt qu'à des lettrés. Le bon fonctionnement du système permit une augmentation sans précédent du budget de l'État: la population atteignit le chiffre de cinquante millions d'habitants (dont deux millions pour la capitale)

En 626, Lĭ Shìmín, vainqueur d'un conflit fratricide, pousse son père Gaozu à abdiquer et monte sur le trône sous le nom de TàiZōng (en photo). Son premier souci est ensuite d'asseoir la puissance chinoise en Asie, tant par les armes que par la diplomatie. Il obtient en particulier l'alliance de tribus turques et renforce sa politique contre les Turcs Orientaux, qu'il soumet en 630.

En 641, le souverain tibétain reconnaît sa souveraineté. En 642, il soumet les Turcs occidentaux. De 640 à 648, il soumet les oasis récalcitrantes du bassin du Tarim : : la route de la soie est durablement rétablie. En 645, il ne parvient pas à soumettre les royaumes coréens. En 648, la domination chinoise fut de nouveau effective au Xinjiang.

Il meurt en 649, ayant imposé puis consolidé une nouvelle dynastie, imposé une Chine puissante, organisée, et respectée (et crainte) des barbares proches. Il impose également la Chine comme arbitre de l'Asie orientale et centrale, avec la vassalité de nombreux royaumes et khanats limitrophes.

Son fils Gaozong consacra son règne à consolider l'œuvre de son père. Grâce à ses frontières bien protégées, à son administration, à ses routes, à ses canaux, l'Empire connut alors une prospérité générale. De nombreux étrangers convergeaient par terre et par mer, apportant avec eux les produits du monde entier, tandis que la langue chinoise devenait un moyen de communication universel dans tous les milieux cultivés de l'Asie orientale. Dès les dernières années du règne se manifesta cependant un déclin que plus rien ne put freiner, marqué par l'usurpation du pouvoir par l'impératrice Wu Zetian à qui Gaozong avait progressivement abandonné son pouvoir de décision politique.

Impératrice douairière à partir de 683, Wu Zetian déposa son fils et se proclama « empereur » de la brève dynastie Zhou (690-705) en 690. Elle mena la politique de la gentilhommerie chinoise, son alliée, mécontente de la politique turcophile de la cour et inféodée au clergé bouddhiste. Économiquement tout-puissant, ce dernier transformait les monastères en banques de dépôt et faussait le jeu monétaire en fondant l'argent des offrandes pour le thésauriser sous forme de statues. La politique de Wu Zetian fut poursuivie par l'impératrice Wei. En 705 Wu Zetian abdiqua en faveur d'un de ses fils, Zhongzong, auquel succéda son frère Ruizong.

Pour recouvrer un certain équilibre, la réaction porta Xuanzong sur le trône. C'était un grand protecteur des arts, mais un souverain faible, bientôt manipulé par un entourage sans scrupule, dont l'âme était la belle concubine Yang Guifei.

Un des membres de l'entourage de Xuanzong, le général An Lushan, avait su exagérer les risques d'une invasion barbare pour se faire confier une armée considérable, avec laquelle il marcha sur la capitale.

En fuite, l'empereur abdiqua au profit de son fils Suzong (756-762), qui défit l'usurpateur avec l'aide de la cavalerie ouïgoure, mais la Chine ne devait pas se remettre de cette guerre civile qui coûta la vie à un tiers de la population. Quant aux alliés turcs, conscients d'être indispensables, ils se conduisaient en maîtres dans la capitale, où ils exigeaient de leurs chevaux un prix exorbitant. Dans les provinces, les gouverneurs cessèrent d'acheminer l'impôt et transmirent leur charge à leurs fils. Pour sauver la situation, le gouvernement décida en 845 d'interdire les religions étrangères. Il ne s'agissait pas de prendre une mesure antireligieuse, mais de récupérer l'argent des étrangers, placé dans les monastères bouddhiques, dans les temples mazdéens, les mosquées, etc. Cette manœuvre audacieuse n'intervint d'ailleurs qu'après l'écrasement des dangereux alliés ouïgours par les Turcs Chat'o.

Daizong, fils de l'empereur Suzong, régna de 762 à 779. Sous son règne, le roi du Tibet, Trisong Detsen (740-797), envahit la capitale de la Chine Chang’an et mis en place un nouvel empereur.

En 822, le traité de paix sino-tibétain fut signé entre l’empereur du Tibet, Tri Ralpachen et l’empereur chinois Muzong (820-824) de la dynastie Tang. Le traité permit de stabiliser les relations politiques, militaires et commerciales entre le Tibet et la Chine. Ainsi le traité délimita la frontière entre les deux empires.

La dynastie vivait ses derniers jours : le IXème siècle fut jalonné de révoltes paysannes réprimées dans le sang ; au cours de la plus importante, qui dura six ans (874-880), eut lieu la prise de Canton, avec le massacre de cent vingt mille étrangers. La capitale fut sauvée in extremis grâce à l'aide des Turcs, mais la dynastie des Tang devait néanmoins sombrer en 907 dans le désordre général. La dynastie Tang s'effondre alors qu'on la pensait éternelle.